À compléter.
Le Quintette et Chorale du Mercredi
Membres du Quintette identifiés (par âge décroissant ou ordre alphabétique) :
- Pierre (Pitre) Ganuchaud (1853-1924)
- Georges Ganuchaud (1855-1940)
- Marie Ganuchaud (1857-1945), née Foullonneau
- Joseph Bougoüin (1860-xxxx)
- Mme Édith Bougoüin
- Étienne Bougoüin
- Mlle Geneviève Delanoë
- Mlle Germaine Pelletier
- Fernand Voruz
- Mlle Fernande Voruz
- Paul Voruz
Historique de la Société
La société musicale qui devait prendre, dans des temps futurs, le nom glorieux de « Quintette et Chorale du Mercredi » eut ses origines dans des réunions musicales qui se tenaient depuis 1878 chez M. Fernand Voruz demeurant rue des Coulées.
Messieurs Ganuchaud, Delanoë, Radigois et Voruz composaient ce premier noyau d’amateurs. Ces soirées musicales comprenaient alors exclusivement l’exécution de musique classique. Beethoven, Mozart, Mendelssohn, et tutti quanti, étaient les seuls maîtres qui livraient leurs œuvres à l’admiration des profanes. Chaque année, la société prêtait son gracieux concours à un concert donné à l’école Ste Anne, au profit d’une œuvre intéressante. Les morceaux exécutés dans ces circonstances étaient mis au niveau de l’auditoire, et on faisait entendre des ouvertures d’Opéras et des œuvres qui n’avaient rien de Wagnérien, telles que « Poëte et paysan » de Suppé.
En 1886, M. Voruz eut l’heureuse idée de donner chez lui à Beau-Séjour, un grand concert instrumental et vocal, qui promit d’apprécier le talent de Mme Delanoë, qui jusqu’alors n’avait rempli que le modeste rôle d’accompagnateur. C’est à ce moment que Mme Pelletier fit son entrée brillante dans la société qui s’augmenta encore, dans la suite, de Mme Ganuchaud et Mlle Voruz.
Ce concert fut des plus brillants, tant par l’élégante composition de l’auditoire que par le talent des artistes ; c’est de lui que l’on peut faire partir la constitution définitive du quintette et de la chorale.
Le programme était le suivant :
[PROGRAMME EN PIECE JOINTE]
Tous les morceaux furent indistinctement l’objet d’ovations méritées pour tous les artistes. La partie comique de la soirée était confiée à M. Pergelin qui s’en acquitta avec le talent que l’on sait, et dont la bonne volonté fut plusieurs fois mise à contribution dans des réunions postérieures. Enfin, ce fameux concert terminé, on juge de l’empressement fiévreux de tous les artistes pour un souper qui devait les réunir ; mais le public ne se retirant pas, il ne resta plus qu’un moyen : sortis par une porte, les artistes rentrèrent par la fenêtre.
À partir de cette soirée, le programme de la société se développe ; à côté de la musique à cordes qui avait régné sans contestation jusqu’à présent, se développe la partie chorale, lyrique et humoristique, et parallèlement aux deux, la partie gastronomique fait son apparition. Cette dernière tient même bientôt une place importante qu’on ne peut lui contester. Les goûts musicaux se modernisent ; les maîtres du siècle passé sont un peu délaissés et le quintette se lance dans l’exécution des œuvres de Brahms, Boisdeffre, Rubinstein, Hofmann, Gradenne, Jadassohn, Hess (NdFGa : Adolph Hesse?], etc. ; la société chorale, dont Mme Pelletier devint l’âme et la grande prêtresse, fait connaître les beautés lyriques à l’ordre du jour ; les modestes coryphées abordent le répertoire du Grand Opéra et produisent avec un succès toujours nouveau des exécutions difficiles, telles que le quatuor de Faust etc. Il n’est pas jusqu’au répertoire fin de siècle qui ne soit mis à contribution : Paulus n’a bientôt plus de secrets pour la société, et l’on entend souvent dans une séance « la petite boiteuse d’Alençon » succéder à la romance du « roi de Thulé » de la damnation, les os de Berlioz doivent d’entrechoquer dans leur sarcophage à cette promiscuité, tant pis pour eux ; la gaîté aura toujours ses droits dans le pays des Gaules.
Nous disions tout-à-l’heure que la partie gastronomique naquit un jour de la partie musicale. En effet, les réunions devenues plus nombreuses, resserrèrent les liens unissant les membres du quintette et de la chorale ; les relations devinrent plus assidues, et les modestes thés d’antan se transformèrent en délicats soupers. Bientôt de nombreuses parties de campagne viennent entretenir, pendant la belle saison, les relations qu’interrompt momentanément la cessation des réunions musicales. L’estomac, siège de la bonne humeur, réclame ses droits ; des dîners, où règne la plus franche gaîté, et dont les menus auraient reçu l’assentiment de Monselet, cet autre nantais d’épicurienne mémoire, sont prétexte à augmenter les réunions.
Plusieurs excursions ont fait époque dans l’histoire du quintette et, rappelant de charmants souvenirs, leur récit a sa place marquée dans cet historique.
C’est d’abord une promenade en bateau ayant pour but la Haute-Rivière, qui fut troublée par un violent orage ; une seconde excursion dans la même propriété, cette fois en vélocipèdes. Cette partie fut marquée par un incident ; un des membres bien connu sous le nom de « vieux chasseur » peu expert encore dans l’art de la pédale, fut transformé en véritable fontaine et de nombreuses irrigations coulant de sa vénérable tête, causèrent des dégradations à la route nationale, ce qui faillit amener des désagréments avec l’administration des Ponts et Chaussées. À cette excursion, la photographie fait pour la première fois son apparition, M. Voiruz, digne adepte de l’art des Niepce et des Daguerre, prend le cliché de la bande cycliste. Dès lors, il n’y aura plus de parties, plus de dîners sans qu’à un moment donné on ne voit apparaître le susdit opérateur avec sa boîte à coulisses traçant ainsi à coups de produits chimiques l’histoire de la société, et laissant aux races futures le souvenir de nos agapes fraternelles et de nos solennités musicales.
En 1887, M. et Mme Delanoë offrirent à leurs collègues un royal festin, Côté St Sébastien, dans l’établissement de la mère Piraud, bien connue des promeneurs nantais. Dans une vaste salle située dans les combles « sur un tapis de Turquie, le couvert se trouva mis ». Ce dîner est resté dans toutes les mémoires, tant en raison de la composition exquise du menu, que de l’amabilité des amphitryons, et il inaugure dignement ce que l’on peut appeler l’ère des grands dîners.
En 1889, la chorale recrute deux nouveaux charmants sociétaires de Bruxelles en Brabant savez-vous ? La société fait son petit Louis XIV et à l’instar de ce potentat qui clamait « il n’y a plus de Pyrénées », elle peut s’écrier : « il n’y a plus de frontières » car après avoir admis dans son sein deux sujets de Léopold, elle recueillera l’année suivante, sous l’ombre de sa bannière, une blonde enfant du nouveau monde et un franco-japonais. Le voyage de M. et Mme Bernier, qui eut lieu à Noël 1889, fut l’occasion d’une série ininterrompue de dîners et de révisions musicales extraordinaires, auxquelles M. Pergeline voulut bien apporter le concours de sa bonne humeur, et y présenta divers animaux de sa ménagerie ; entre autres, une cigogne et une anguille remarquables par leur agilité.
En 1890, MM. Ganuchaud invitèrent le quintette à la plantation de crémaillère à la Claverie. Cette réception, des plus brillantes, fut rehaussée encore par la présence des autorités : M. le Curé et M. le Maire vinrent en effet souhaiter la bienvenue aux nouveaux propriétaires, et la fanfare de l’endroit inonda le parc des flots de son harmonie ; seul, le soleil bouda et ne voulut pas être de la partie, ce qui n’empêcha pas le photographe attitré de la société, de prendre une vue d’ensemble. Mentionnons à cette fête la présence de Mme Desbois qui ne fit que passer dans la société, mais qui y laissa de gais souvenirs. Avant son départ pour Vannes, elle offrit à la joyeuse bande un dîner d’adieu auquel on peut donner les qualificatifs de gargantuesque et de homérique ; il suffit de rappeler entre autres incidents, ces danses expressives mimées par certain magistrat consulaire, travesti pour la circonstance en belle Fathma.
Il serait peut-être temps d’arrêter ici cette narration oiseuse. Malgré ses longueurs, elle laisse dans l’oubli quantité de faits importants, mais les nombreux artistes dont se compose la société réclament leur place sur les feuillets du présent « livre d’or ». À la première page, le camarade Pelletier a étalé toutes les couleurs de sa palette d’aquarelliste, et dans une composition savante, d’un dessin original, a groupé d’une façon harmonieuse les attributs de la société. À la suite de cette notice, on trouvera un échantillon du laboratoire photographique Voruz ; cette épreuve prise le soir, au cours d’une réception, présente le portrait de tous les membres de la société.
Voyez et jugez !
Le Secrétaire : Joseph Bougoüin.
Liste des soirées qui ont fait l’objet d’un compte-rendu dédié (publié à la date de la soirée)
Et voici les statuts du Quintette
Titre premier
But et organisation de la Société.
Art. 1er. Il est formé une association musicale et artistique qui prend le titre de « Société du Quintette et de la Chorale du Mercredi ».
Art 2. Elle a pour but :
1o d’exécuter et de faire connaître les beautés musicales de tous genres, classiques, modernes, ou fin-de-siècle, sans distinction d’écoles, et de la manière la plus éclectique.
2o de resserrer les liens de bonne amitié et de confraternité artistique qui existent entre ses membres.
Art 3. Elle comprend :
Des membres fondateurs résidents.
Des sociétaires correspondants.
Des donateurs.
Des sociétaires.
Art 4. Sont sociétaires fondateurs résidents, les membres habitant Nantes qui font partie de l’association à la date de promulgation des présents statuts.
Art 5. Sont sociétaires correspondants, les membres domiciliés hors Nantes.
Art 6. Sont donateurs, les personnes qui par des dons manuels, ou des legs, contribuent à la prospérité de la société.
Art 7. Sont sociétaires les personnes qui auraient l’honneur d’être admises ultérieurement à faire partie de la société.
Art 8. Tous les sociétaires s’engagent à payer une cotisation annuelle dont le taux est fixé à Un franc.
Art 9. Cessent de faire partie de l’association les sociétaires qui ont donné leur démission par lettres au Président.
Art 10. Dans aucun cas, les versements effectués par les sociétaires ne pourront donner lieu à répétition.
Titre second
Administration.
Art 11. L’association est administrée par un bureau composé d’un Président, d’une Présidente et d’un secrétaire.
Art 12. Le bureau est élu chaque année par l’Assemblée générale au scrutin de liste.
Art 13. Nul n’est élu s’il n’a réuni l’unanimité des suffrages.
Art 14. Le Président d’accord avec la Présidente dirige les services de l’association ; il veille à la stricte exécution des statuts, et à l’application des mesures adoptées par la société. À son domicile est déposé la bannière.
Art 15. Il est chargé de la police de toute réunion et prononce, s’il y a lieu, les rappels à l’ordre. C’est également lui qui inflige les amendes après avoir pris l’avis de l’association.
Art 16. Le secrétaire est chargé d’assurer les services de la correspondance et de la publicité. Il rédige les rapports des réunions et les procès verbaux des séances extraordinaires.
Art 17. Les fonctions de membre du bureau sont gratuites.
Titre troisième
Recettes et dépenses.
Art 18. Les ressources de l’association se composent :
1o du produit des cotisations annuelles.
2o des amendes.
3o des dons et des subventions qui peuvent lui être accordées.
Art 19. Les amendes sont fixées ainsi qu’il suit :
1o Absence d’une réunion hebdomadaire, sans avis préalable, amende de Un franc.
2o Retard d’un quart d’heure et plus, amende de Cinquante centimes.
3o Oubli du port de l’insigne à chaque réunion extraordinaire Cinquante centimes.
Art 20. Les fonds sont déposés dans une grenouille dont la garde est confiée au Président.
Art 21. Aucune dépense ne peut être effectuée qu’en vertu d’une décision de l’association. Toutefois, des dépenses urgentes telles que des réparations à la bannière, à la tirelire, peuvent être autorisées par le président, sauf approbation ultérieure de la société.
Art 22. Emploi des fonds (article réservés)
Titre quatrième
Dispositions générales.
Art 23. Chaque année, les sociétaires réunissent un dîner général ; entendent la lecture des rapports sur les séances de l’année et sur la situation financière de l’association. Ils votent le budget des recettes et des dépenses, reçoivent les comptes du Président, et approuvent ou rejettent sa gestion.
Ils sont appelés en outre à réviser les statuts, s’il y a lieu, et à délibérer sur les différentes propositions à l’ordre du jour.
Art 24. Tous les sociétaires sont tenus d’assister, à moins de raisons valables, aux séances du Mercredi… Autrement, ils sont passibles des amendes édictées à l’art. 19.
Art 25. Au cours de l’année, chaque sociétaire est astreint à présenter une exécution (solo) d’un morceau nouveau (inédit si possible). Les différents morceaux, ainsi exécutés, forment le programme du concert du dîner annuel.
Art 26. Chaque sociétaire reçoit un exemplaire des statuts, ainsi qu’un insigne qui établit sa qualité de membre du quintette.
Art 27. Tout projet de modification aux statuts doit faire l’objet d’une pétition adressée au Président.
Le Secrétaire, Joseph Bourgoüin.