Le magasin Ganuchaud

Ce magasin rencontré brusquement, cette maison énorme pour elle, lui gonflait le cœur, la retenait, émue, intéressée, oublieuse du reste. Dans le pan coupé donnant sur la place Gaillon, la haute porte, toute en glace, montait jusqu’à l’entresol, au milieu d’une complication d’ornements, chargés de dorures. Deux figures allégoriques, deux femmes riantes, la gorge nue et renversée, déroulaient l’enseigne : Au Bonheur des Dames.

Émile Zola, 1883

Les grands magasins furent au XIXe siècle ce que l’avion deviendra au XXe. En démocratisant le luxe de la consommation ou du voyage, ils ont opéré un profond changement de société qui a mérité de trouver sa place dans la littérature nationale.

À Nantes, c’est le magasin Ganuchaud qui a fourni les robes des bourgeoises du second empire aussi bien que les tenues légères des années folles.

Historique de la maison de commerce

L’historique a été rédigé sous la plume de Georges Ganuchaud (1855-1940)

Des anomalies peuvent s’être glissées dans la transcription des noms propres. De même, des passages pour lesquels je n’ai (pas encore) su déchiffrer l’écriture de notre aïeul sont indiqués avec des signes ######.

Notre maison de commerce est une des plus anciennes de Nantes : une dame Piron en avait la direction lorsqu’en juin 1845 mon père qui y était employé l’acheta. La maison était à cette époque située au no 27 (actuellement 21) de la rue de la Poissonnerie contiguë à une boutique de grainetier : quelques années plus tard, vers 1857, ladite boutique de grainetier fut prise par notre père : c’est le premier agrandissement de la maison Ganuchaud.

Les premières années d’affaires furent extrêmement pénibles et malgré les aptitudes, la vigilance, le travail et l’économie de nos parents la situation ne s’améliora que plus de dix années après leur établissement.

De 1845 à 1855, le chiffre d’affaires oscille entre 37 000 et 50 000. En 1857, lors de l’agrandissement, il arrive à 68 000 et continue la marche ascendante jusqu’en 1869 où il atteint le chiffre de 125 000.

En octobre 1869, la maison de commerce est transportée dans le nouvel immeuble que notre père venait de faire construire au no 13 de la rue de la Poissonnerie ; immeuble dont la construction avait été la cause de tant de soucis pour lui et avait porté une rude atteinte à sa santé.

Dès la première année de l’installation, malgré les mauvaises affaires de cette terrible année 1870, une progression très sensible se fait dans le chiffre d’affaires : il arrive à 146 000.

En 1869, Pitre entre dans la maison de commerce et, le 6 août 1870, j’y prends place à mon tour.

La mort de notre père, survenue en juillet 1876, laisse à notre mère et à nous la direction des affaires, que nous avions déjà de fait par suite de l’état de maladie de notre père.

La raison sociale est toujours Ganuchaud aîné.

De 1870 à 1880, le chiffre d’affaires varie entre 146 000 et 183 000.

1880-1895

Enfin, le 15 janvier 1880, l’inventaire terminé, mon frère et moi prenons pour notre compte la direction de la maison de commerce sous la raison sociale Ganuchaud frères. Comme don de joyeux avènement, la première année de notre association nous donna une augmentation de plus de 30 000F. d’affaires.

Je ne puis clore ce rapide exposé de ce que fut notre maison de commerce sans payer un juste tribut de reconnaissance à notre excellente mère dont le dévouement et les excellents conseils ne nous ont jamais fait défaut et qui, quoique absolument désintéressée, nous a toujours prêté le plus dévoué et le plus précieux concours. Grâce à son amitié pour nous et en dépit de la lourde charge qu’elle assumait, elle a bien voulu lors de la maladie de notre père et malgré notre jeune âge nous conserver la maison de commerce ; nous devons lui vouer une éternelle reconnaissance.

1880

Innovation du cadeau (bouquet et couronne) pour mariées de campagne. Correspondants. Circulaires pour mariages et pour confections. Visites à domicile. Coupeur attaché à la maison.

  • Chiffre d’affaires 168 151,90

1881

Habillements tout faits pour mariés. Assortiment complet de dentelles et mouchoirs. Entrée de M. Perrin à la maison comme placier. Tricots en dépôt.

  • Chiffre d’affaires 206 650,60

1882

Agrandissements des magasins de l’entresol. Création des rayons de Couvertures, Dentelles de toutes sortes, Ruchés, Mouchoirs de tulles. Départ de M. Perrin. Exposition industrielle – Médaille de bronze. Habillements tout faits pour communiants. Circulaires pour confection de dames.

  • Chiffre d’affaires 232 469,20

1883

Création des rayons de Couvre-pieds, Coiffes, Cols et manchettes. Cartes publicité.

  • Chiffre d’affaires 226 224,70

1884

Des feuilles de journées sont établies pour donner le chiffre exact et réel d’affaires ; leur but réel est surtout de se rendre un compte exact du trop plein de rayons. Réinstallation du salon d’essayage. Création du rayon de cravates et plastrons.

  • Chiffre d’affaires 251 415,80

1885

À partir de cette année, le chiffre d’affaires est celui porté sur les feuilles de journées. Achat et rétrocession de la maison Ollivier de St Nazaire. Bénéfice dans cette affaire de 9 000F. nets. Parapluies. Affaire de Toutes Aides.

  • Chiffre d’affaires 240 876,10

1886

Dans le montant des achats sont compris les façons (voir fo 27 verso). Le coupeur (M. Beert) lié à notre maison par un traité. Rayon de Bonneterie.

  • Chiffre d’affaires 227 621,25

1887

Les magasins sont fermés les dimanches et fêtes.

  • Chiffres d’affaires 227 191,70

1888

Au 20 mars 1888, ouverture des nouveaux magasins, rez-de-chaussée no 15. 15 mai : décès de Marie-Louise Ganuchaud née Bécel. Création des rayons de Toiles, Linge de table et de toilette, de Carpettes et tapis. Agrandissements des rayons de tissus pour ameublement. Nouveau salon d’essayage. Coupeur dans les sous-sols.

  • Chiffre d’affaires 254 204,50

1889

M. J. Pucel est intéressé sur le chiffre de confection pour hommes. Le coupeur signe un nouvel engagement de 3 ans.

  • Chiffre d’affaires 285 454,15

1890

Création du rayon de confection toutes faites pour dames. Mlles Blondot, M. Lethière sont intéressés sur le chiffre d’affaires de leur rayon. Passementeries d’ameublements. Linoleum. Aucune réclame n’est faite dans l’année.

  • Chiffre d’affaires 300 062,40

1891

Entrée en jouissance de l’entresol du no 15. Organisation complète du magasin de tapis. Électricité. Jules Pucel quitte la maison en décembre 1891. Réclame par journaux, circulaires, almanachs, coût 1 500F. environ. Liquidation du rayon de confections dames.

  • Chiffre d’affaires 340 093,40

1892

M. Couthouis prend la direction du rayon de draperies ; M. Guesdon, celle du rayon de toiles ; ils sont intéressés sur le chiffre de leur rayon.

  • Chiffre d’affaires 353 804,25

1893

Modification du magasin entresol no 13. Salon d’essayage des hommes transféré à l’entresol du no 15. Réclame 1 500F.. Installation téléphonique. Élection au tribunal de commerce. Mlle Leneveu intéressée au chiffre nouveautés robes.

  • Chiffre d’affaires 385 487,40

1894

En novembre commencent les travaux d’agrandissements pour l’adjonction de l’immeuble no 17 rue de la Poissonnerie. M. Pitre Ganuchaud est nommé vérificateur civil titulaire des draps de l’armée. Pas de réclames. Fournisseur du syndicat des employés de la Compagnie d’Orléans.

  • Chiffre d’affaires 408 129,20

1895

Au 1er avril, le magasin de devant du no 17 est ouvert ; l’ameublement y est provisoirement installé. Mlle Dubois entre comme 2ème caissière.

En août, Mme Goyard prend la direction de la lingerie confectionnée. Le 1er septembre, M. Boivin celle de la bonneterie.

Le 1er octobre, ouverture du Hall des robes. Le 8 octobre, inauguration et fête du cinquantenaire. Souvenirs offerts aux clients. 13 octobre, Exposition générale. Grand mouvement d’affaires. Réclame 1 000 à 1 200F.. L’ameublement est transféré à l’entresol du no 13.

  • Chiffre d’affaires 474 716,20

1896

Raison sociale : Georges Ganuchaud.

Après l’inventaire, mon frère quitte la maison de commerce. Au 24 juin, je prends l’appartement du 1er étage au-dessus de l’entresol no 15 pour y installer l’atelier de confection pour dames et le salon d’essayage. Le 1er septembre, Mlles Langlois prennent la direction de la confection pour dames. Le 15 septembre, Mlle Lohenet entre comme vendeuse à la confection. Mlle Mathorel entre comme teneure de livres. Installation du salon de modèles.

  • Chiffre d’affaires 576 091,85

À partir de cette année, le bénéfice net est établi déduction faite de l’intérêt sur le capital social.

1897

Mlle Mathorel quitte la maison fin février. Création du rayon de parapluies. Réclame agence Havas 1 000F.. Livrets illustrés pour la campagne. Verres-primes. M. Abadie entre comme second à la draperie pour suite du départ au service militaire de M. Piraud. M. Fouré s’occupe de la comptabilité. M. Guesdon est remplacé au Blanc par M. Pucelle.

  • Chiffre d’affaires 581 466,95

1898

Fin juin, Mlles Langlois quittent la maison. En septembre, M. Couthouis est congédié. M. Abadie est intéressé à partir du 1er octobre sur le chiffre de confections pour hommes. Au 1er juillet commencent les travaux de suppression de l’escalier de pierre du no 15 ; par suite de ce travail achevé vers les premiers jours d’octobre, le rayon de toile est considérablement augmenté ainsi que le magasin d’ameublement. Le 15 septembre, Mlle Marie Dubois entre comme coupeuse ; Mlle Tallandeau comme vendeuse à la Robe. Réclame Havas 600F. environ. Réclame constante à l’Espérance du Peuple et à l’Ami de la Vérité. En cours d’année, nous fêtons les noces d’argent commerciales de Mlle Marie Blondot.

  • Chiffre d’affaires 623 075,40

1899

Au 20 mars, Mme Mauroux entre comme comptable. Mlles Marie et Jeanne Blondot reçoivent sur ma demande de l’Union générale du Commerce de l’Industrie une récompense consistant en une médaille et un diplôme comme ayant 25 années consécutives de service dans ma maison. Le 15 avril, Mlle Dubois, coupeuse, quitte la maison et est remplacée dans son poste par Mme Séguin ; le mari de cette dernière entre au rayon de Draperie ; tous les deux quittent la maison le 20 juillet. Le 24 juin 1899, prise de possession de l’appartement Lebreton 17-19 rue Poissonnerie et commencement des travaux d’agrandissements et d’embellissements. Le 2 août, achat du stock de la maison Fraisse et Patasson (A. Petiteau, xxxx). 8 septembre, décès de Madame Ganuchaud mère. En septembre entrent à la maison une partie du personnel de la maison Petiteau : Mlle Solin, coupeuse, Mmes et Mlle Perdrix, Monnier, Lepris Maillard, M. Chauvet. Le 2 octobre, ouverture de la saison d’hiver et prise de possession des nouveaux magasins no 19. En décembre, prise de possession de l’appartement de Madame Ganuchaud mère pour y installer le rayon de Meubles.

  • Chiffre d’affaires 697 976

1900

En mars, translation des ateliers de femmes. Réclames pour affiches dans les gares et dans les tramways. Le mardi 10 avril, inauguration du bas relief en bronze de M. de Boishéraud [NdFGa : il s’agit de Sébastien de Boishéraud qui va également sculpter les bas-reliefs de la Tour Saint-Georges à la Claverie]. Carte postale avec photographie de la Tisserande.

Le verso de la fameuse carte postale…
…et son recto.

En avril, installation des mansardes du no 17 comme atelier de confection de literie. En septembre et octobre, pose d’affiches murales. Livret d’apprentis. Bulletins de vente. Rentrée de M. Piraud à la Draperie 2 Cxx. M. Foucher entre comme coupeur chemisier. Mmes Carbonnier et Jumel entrent comme supplémentaires à la Nouveauté Robes. Pose de 1 000 affiches pour l’ouverture de la saison d’hiver. En septembre, création d’une nouvelle caisse. Collaboration à la fondation de l’Espérance, société de retraite et de secours mutuels pour les dames et demoiselles du Commerce et de l’Industrie. Timbres de commerce.

  • Chiffre d’affaires 829 918,80

1901

Février, les factures sont classées dans des biblorhaptes et non copiées. Renouvellement pour 5 ans de l’engagement Blondot. En avril pose de 1 000 affiches pour le début de la saison. 24 juin, location de deux boutiques pour ateliers de tapisserie et logement des véhicules. Prise de l’appartement Gouerit au no 17-19 pour les réserves. Réclame dans tous les tramways et aubettes. En septembre, installation d’un nouveau salon d’essayage dans l’appartement de Madame Ganuchaud mère. Réorganisation de l’ancien atelier Langlois. Entrée le 1er octobre de Mlle Leclaire comme coupeuse. Le garçon cycliste suivant les besoins se sert du triporteur ou de la bicyclette.

  • Chiffre d’affaires 925 041,65

1902

1er mars, contrôle des heures d’arrivées et de repos des employés ; M. Landrin est chargé de ce poste. MM. Letière et Landrin reçoivent comme ayant 20 années de service le diplôme et la médaille de l’Association des tissus. Avril, installation d’un moteur électrique sur l’une des machines à coudre. Mlles Chartier et Frémond sont intéressées sur le chiffre de leur rayon. 17 avril, décès de M. Abadie. M. Piraud est intéressé sur le chiffre de Crétonnes-chemises-toiles bleues. Fournisseur du syndicat des agriculteurs (5 % de remise). Le chemisier est installé à l’entresol du no 15 près l’atelier de pompe. Des rayons pour les carpettes et tapis sont établis sur le devant du magasin de l’entresol no 15.

  • Chiffre d’affaires 929 225

1903

1er avril, chauffeur ½ appointements maison et ½ à mon compte. Fondation de l’Union Économique ; nomination de président du Conseil d’Administration.

Les affaires religieuses apportent des troubles profonds dans les affaires. Août, quelques employés sont envoyés en vacances obligatoires de un mois à deux mois. 17 novembre, Mlle Dubois 2ème caissière quitte la maison.

  • Chiffre d’affaires 869 997,45

1904

Participation à l’Exposition Industrielle internationale de Nantes. Ouverture le 8 mai, membre du Comité Nantais. Ouverture d’une nouvelle maison de tissus rue du Calvaire : Aux Fabriques Françaises. Mlle Marie Blondot ayant plus de 30 années de service reçoit la médaille du travail et Mlle Livet le diplôme de l’association générale des tissus. 31 mai 1904, départ de Mlle Livet 1ère caissière, Mme Mauroux prend son poste et a ma procuration. En juillet, réception des adhérents de l’Espérance à la Claverie. Membre du Jury-Hors Concours à l’Exposition Industrielle Internationale de Nantes. 27 octobre, ouverture des Timbres Nantais. Soumission des conventions ### vente aux Hospices.

  • Chiffre d’affaires 851 237

1905

Les frais généraux sont répartis par catégories. 8 février, fête pour la remise de la décoration du travail à Mlle Marie Blondot. 8 juillet, M. Pucelle quitte la maison. 31 août, départ de M. Berh coupeur ; tous les deux s’associent et fondent une maison rue Poissonnerie. Septembre, M. Rameau prend la direction du rayon de Blanc. M. Rubeau entre comme coupeur. 12 septembre, Mme Corne entre comme coupeuse. En octobre, je traite avec Mme Lafargue pour entrer à la maison comme vendeuse intéressée. 20 septembre, commencement des travaux pour les divers services de Mme Lafargue. Rose Mouraud quitte son appartement et prend celui du 4ème. Un salon pour enfant est créé ainsi qu’un salon d’essayage dans l’ancien appartement de Mme Ganuchaud mère. Les meubles occupent la partie côté rue Bléterie. Le salon de vente de Confection rue Beauregard, l’atelier au 2ème rue Beauregard, enfin la galerie de communication au-dessus du hall est occupée par les réserves Goyard.

  • Chiffre d’affaires 827 106,15

1906

À partir du 30 janvier, M. Pitre Ganuchaud n’est plus intéressé. Février, perturbation aux Timbres Nantais. Mme Lafargue a pris possession de son poste à partir du 2 janvier. 29 septembre, les magasins, en raison de l’application de la loi sur le repos hebdomadaire, restent ouverts les samedis jusqu’à 9 heures. 8 octobre, ouverture rue Lafayette du magasin d’habillement « À Réaumur ». Il est accordé aux employés à partir du 1er septembre ¼ d’heure de plus le matin. Rentrée des hommes 7h½ et des femmes 8h½. Je loue à mon frère un magasin rue Crébillon et y ouvre une Succursale. Exposition le 10 décembre 1906. Des livres spéciaux de contrôle sont établis. M. Fouré s’en occupe spécialement. Formation d’un Syndicat des Grands Magasins de Nouveautés et des commerces qui s’y rattachent. Soumission #### des Hospices pour le lot « Divers ».

  • Chiffre d’affaires 798 903

1907

Un nouveau coupeur entre à la maison le 1er mars (M. Odman). 10 mai, un voyageur, M. Cathelineau, est attaché à la maison. Achat du fonds de couture de M. Ginor (ou Ginon ?). 1er octobre, entrée de la première factrice de la maison Provost-Gaudment, Mme Céline David, au rayon de lingerie. Nouveau chef de rayon au blanc M. Pinon. 22 novembre 1907, adjudication des lots Divers et familles. Union Économique, ristourne de 5 %. Timbres Nantais, ristourne de 64 %.

  • Chiffres d’affaires 870 852,85

1908

Mademoiselle Jeanne Blondot reçoit la médaille du travail (32 années de service). 24 juin, Madame Mauroux quitte son poste de caissière principale pour raison de santé ; mais doit venir tous les trois mois faire la vérification des livres. Madame Lehuédé la remplace comme caissière principale. Monsieur Fouré a la procuration. Monsieur Cathelineau n’ayant pas réussi comme voyageur est congédié. 1er août, M. Aunis de la Rochelle entre comme voyageur à la commission, il fera la Charente Inférieure et une partie de la Vendée. 1er octobre, M. Odman coupeur quitte la maison. Il est remplacé par M. Thooris. Union Économique, ristourne de 5 %. Timbre Nantais, ristourne de 66 %.

  • Chiffre d’affaires 889 696,95

1909

En janvier, Mademoiselle Chartier quitte son poste de première à la Fantaisie, elle est remplacée par Mlle James. Mlle Coiffet est première à la soierie. 1er avril, je fais un traité avec les journaux pour une réclame à paraître chaque semaine annonçant une vente en solde par séries les vendredi et samedi de chaque semaine, avec doubles Timbres Nantais. À partir de cette époque, constate une très forte augmentation dans le chiffre du comptant. 1er octobre, Georges entre aux affaires jusqu’à fin janvier 1910, époque à laquelle il partira pour une tournée de fabriques. 23 décembre, je suis déclaré adjudicataire du troisième lot pour les Hospices. Je traite avec un fabricant de gants pour la succursale de la rue Crébillon qui sera l’année prochaine complètement modifiée. Durant la morte saison d’été, le gros mur qui séparait l’atelier Julien est supprimé. Union Économique, ristourne de 5 %. Timbres Nantais, ristourne de 75 %.

  • Chiffre d’affaires 946 998,45

1910

15 mars, M. Chevallereau entre comme représentant pour la Vendée, une partie de Maine-et-Loire et quelques localités de Loire-Inférieure aux mêmes conditions que M. Aunis. Mlle Sébilleau entre comme comptable, il est fait une adjonction à la caisse de M. Fouré. En juillet, réinstallation de la succursale rue Crébillon : Salon clos d’Exposition permanente. 1er septembre, M. Soulé entre comme représentant pour la Confection pour hommes sur mesure ; il fera la même tournée que M. Aunis. Un petit salon supplémentaire d’essayage est installé au 1er étage du no 13. Démolition et reconstruction des immeubles no 3 rue Vieil Hôpital et 10 rue Bléterie.

Réclame consistant dans la distribution contre un bon envoyé de carnets de T.N. avec 52 timbres offerts. Le 28 septembre, la succursale ayant été réinstallée, il y est fait le premier grand étalage et le 20 octobre, ouverture de la fabrique de gants sous la direction de M. et Mme Laurens. Le 1er octobre, Georges rentre définitivement aux affaires. En novembre, M. Mayet entre comme représentant pour la Bretagne aux mêmes conditions que les autres. En décembre, adjudicataire aux Hospices du troisième et cinquième lot. Union Économique, ristourne de 5 %. Timbres Nantais, ristourne de 70 %.

  • Chiffre d’affaires 997 340,60

1911

En février, Mlles Bastard et Beauché quittent la maison ; elles sont remplacées par Mlles Paton et Angebaux. Le 15 mars, Mme Lafargue quitte la maison ; procès avec elle relativement à la fourniture d’un trousseau. En mars, réclame par un journal de mode exclusif à ma maison pour le département. 3 avril, à l’ouverture de la saison d’été, il est offert un carnet contenant 52 timbres nantais pour un achat de 10F.. Mariage de Mlle Coiffet, qui est remplacée à la soierie par Mlle Évain. En juillet, les travaux de l’annexe et de la passerelle s’achèvent. Réinstallation presque générale des rayons existants aux nos 13 et 15. Un second escalier est établi au no 15. Le meuble et le tapis passent à l’annexe, la lingerie à l’entresol du no 15. La chemiserie est agrandie par suite du transfert de la coupe et de la pompe au 1er étage du no 13. Le salon d’essayage des hommes occupe l’emplacement de la coupe. Au rez-de-chaussée du no 15, le Blanc prend possession de la lingerie. La comptabilité prend avec notre bureau particulier le fond du rez-de-chaussée du no 13. En août, Mlle Bastard entre comme sténo-dactylo ; un petit bureau lui est installé à l’entresol du no 13. À partir d’octobre, les livraisons se font par un fourgon. Breger est nommé magasinier de l’annexe, il reçoit et expédie toutes les marchandises, il est astreint à un règlement. Mme Monnier quitte la succursale avec l’employée adjointe. Mme Laurens prend la direction générale avec l’aide d’une jeune employée. Installation de 18 postes de téléphonie privés et de 2 postes grande ligne supplémentaires. Division des sous-sols et des réserves par rayon. Non adjudicataire des Hospices. Union Économique, ristourne de 5 %. Timbres Nantais, ristourne de 72 %.

  • Chiffre d’affaires 1 068 404,10

1912

Transformation de l’éclairage électrique de 110 volts en 220. En février, Mlle Jeanne Blondot m’avise qu’elle prend sa retraite pour raison de santé. Prise de l’appartement du 3ème étage du no 19, une partie sera occupée par des ateliers et l’autre conservée pour l’agrandissement de mon appartement. Je suis nommé administrateur du Crédit Nantais. En avril, Madame Thomaray quitte le rayon de garniture ; elle est remplacée par Mlle Bernolle. Installation d’une tente mécanique. 12 mai, je suis élu conseiller municipal. Par suite d’une polémique extrêmement violente dans les journaux Phare et Populaire, la réclame hebdomadaire est supprimée et des affiches l’annonçant sont apposées. Juillet, Mlle Angbaud est renvoyée pour vol (1 200). Août, je traite avec Madame Mauroux pour lui confier la direction d’un bureau de contrôle dans l’annexe. Traité définitif avec Mlles Blondot : Mlle Jeanne viendra quand elle le pourra et Mlle Marie de midi à six heures. 22 juillet, décès de Mme Goyard [NdFGa : probablement Marguerite Léopoldine Désirée Lemaître, épouse Goyard, décédée à Nantes le 21 août 1912 à 62, veuve d’Alfred Cyprien Goyard, négociant]. Recherche infructueuse pour trouver une première au rayon de lingerie. 15 septembre, Mlle Rousseau entre à la Confection et M. Glèves comme étalagiste. 1er octobre, M. Guira rentre au Blanc, Madame Mauroux au contrôle. Installation sur le passage en dalles de verre de deux WC pour les ateliers. Union Économique, ristourne de 5 %. Timbres Nantais, ristourne de 65 %.

Chiffre d’affaires 1 106 883,25

1913

En février, adjudication des Hospices, j’obtiens le premier et le troisième lots. Fin mars, M. Glèves quitte la maison. M. Loisel entre comme représentant. 1er mai, M. Lechat quitte la maison. M. Mayet donne sa démission de voyageur ; il est remplacé en juin par Mme Josseau. Fin juin, M. Guira quitte la maison. En septembre, réinstallation de notre bureau personnel, pose de boiseries. Réfection complète des devantures aspectant rue Vieil Hôpital, pose de rideaux de fer. Grande glace, étalage draperies. Vitrine à l’angle des rues Poissonnerie et Vieil Hôpital. 5 octobre, réunion des employés à la Claverie. En décembre, entrée de Madame Charrier pour représenter la maison à Ste Pazanne et environs. Entrée de M. Rouaud pour visiter les couturières. Union Économique, ristourne de 5 %. Timbres Nantais, ristourne de 70 %.

  • Chiffre d’affaires 1 117 775,15

1914

6 janvier, adjudicataire de cinq lots aux Hospices. Une nouvelle comptable entre à la maison. 10 mars, entrée de Mlle Montier à la succursale. En avril, Exposition d’alimentation : Grand prix avec félicitations et 1er prix d’installation. 15 juin, mariage de Georges. 2 août : la guerre est déclarée. Départs successifs de Monsieurs Piraud, Foucher, Guillo, Gohaud, Rouaud, Brossaud, Moreau, Thoris. Fournitures militaires, installation d’un atelier spécial de coupe dans l’annexe. Association avec M. Courtel pour couvertures. Affaires normales presque nulles. Moratorium. #?#André#?# du Préfet interdisant les Timbres. #?#In……#?# Ruines. Désolation. MM. Furet et Lory sont au front. Le chiffre d’affaires fournitures militaires compense celui perdu par les affaires normales. Hausse de 15 à 30 % sur tous les tissus. Aucun employé n’est congédié, les appointements sont maintenus dans leur intégralité pour les présents. Pour les mobilisés, ils touchent intégralement leurs commissions. Leur famille reçoit de moi 60F. par femme et 15F. par enfant mensuellement.Je n’ai pas fait d’appel d’inventaire ; celui-ci est établi d’après les livres. Union Économique, ristourne de 2 %. Timbres Nantais, ristourne de 70 %.

  • Chiffre d’affaires 1 115 269,60

1915

13 février, adjudication de la plus grande partie des fournitures des Hospices. 22 février, départ pour l’armée de M. Chamous. À partir de février, l’intérêt Laurens est de 2 %. M. Pinon est malade à partir du 15 janvier. Rayon de Blanc dépourvu d’employés. M. Boivin s’en occupe avec zèle. En avril, départ de Breger. Marchandises de plus en plus rares et de plus en plus chères. 17 mai, on recommence la distribution des Timbres Nantais. 1er septembre, rentrée de M. Pinon, départ de M. Bargues, remplacé par M. Bréard. 9 octobre, M. Bazin entre comme coupeur. Mme Sigogneau prend définitivement la direction de la chemiserie. 28 décembre, M. Pinon est pris dans le service auxiliaire. Union Économique, ristourne de 2 %. Timbres Nantais, ristourne de 70 %.

  • Chiffre d’affaires 950 156,60

1916

19 janvier, adjudication des Hospices, j’obtiens 10 lots et 2 pour le compte Salmon. En mars, l’atelier B est transféré au no 19, 3ème étage. Les travaux commencent à la succursale pour la transformation de l’entresol dont j’avais la jouissance depuis le 24 décembre 1915. Avril, décès de M. Ollivier, 2ème coupeur. M. Bazin rentre à nouveau dans la maison et je suis obligé de prendre en mai un coupeur pour le seconder. Vente très active à la Nouveauté. Le prix d’achat net est marqué sur chaque carte en lettres conventionnelles. En août, l’atelier B est agrandi des deux chambres occupées par Jeanne. 15 juin, l’heure est avancée de 60 minutes. 1er août, Mlle Jane Haas entre pour la création d’un rayon de modes, l’atelier occupe la moitié de l’ancien atelier B. 15 août, Mlle Chevannes vient seconder Mme Mauroux dont la santé devient de plus en plus précaire. Fin août, Mlle Renaud quitte la caisse 3, elle y est remplacée par Mlle Leroy. 21 septembre, entrée de M. Primo Locatelli coupeur pour dames. 5 octobre, inauguration de l’entresol de la succursale : gros sucès. 28 septembre, départ de Mme Mauroux. 1er octobre, rétablissement de l’heure ancienne. 26 octobre, déclaration des bénéfices de guerre. 20 novembre, fermeture des magasins à 18 heures. Réduction de l’éclairage. Hospices civils, adjudication de 20 lots sur 35. Impôt sur le revenu. Union Économique, pas de ristourne. Timbres Nantais, ristourne de 40 %.

  • Chiffre d’affaires 1 402 650,70

1917

19 mars, l’heure est avancée de 60 minutes. 22 mars, départ de Mme Lehuedé caissière principale, Mlle Dupuis [NdFGa : aussi orthographié Dupuy sur une autre page] prend son poste. 1er juin, indemnité de vie chère et de chômage. 1er août, départ de Mlle Haas modiste et liquidation du rayon. 1er octobre, entrée d’une fourreuse et installation d’un atelier dans les réserves du 17. Adjudication des Hospices : une dizaine de lots.

  • Chiffre d’affaires 2 016 896,45

1918

31 janvier, départ de M. Locatelli coupeur pour dames ; il est remplacé le 20 mars par M. Toledo. 10 mars, l’heure est avancée de 60 minutes. 28 mars, réunion des intéressés dans laquelle je leur annonce que je leur accorde comme gratification 5 % dans le bénéfice net de leur rayon. Un livre copie de factures sera tenu par eux ; ils marqueront leurs marchandises. Mars a été un mois exceptionnel d’affaires et de recettes. 1er avril, application de la taxe de luxe et du timbre quittance 0,20 ct pour cent francs. Indemnité de vie chère portée à 1F. pour les employés 0,50F. pour les apprentis. Une devanture fermée est posée au coin de la rue Beauregard. 1er juin, j’appelle toutes les employées et ouvrières à l’Espérance. 1er octobre, vie chère 2F.. 4 août, décès de Mlle Mercier. 21 octobre, décès de M. Chevallereau. 28 octobre, décès de M. Laurent du Blanc. 12 novembre, entrée de Mme Lemailloux comme chef de rayon de Lingerie. 11 novembre, la Victoire. L’armistice.

  • Chiffe d’affaires 2 715 165,15

1919

31 janvier, départ de M. Pinon. M. Rouaud prend la tournée de M. Chevallereau. 1er février, la taxe de luxe est prise à mon compte. 2 mars, l’heure est avancée de 60 minutes. Entrée de M. Hocdé comme du rayon de Blanc. 1er juin, application de la journée de 8 heures. Les magasins sont fermés de 11h45 à 13h45. 1er juillet, on pose les plaques Rue de la Paix. 28 juin, la paix est signée à 15h26. Le monte-charge de l’annexe est électrifié. 22 avril, mariage Jeanne avec André Binet. 13 octobre, décès de Mme Lehure. 30 novembre, élu le 1er du Conseil Municipal. Adjudication des Hospices, 100 000F. environ.

  • Chiffre d’affaires 3 957 718,75

1920

10 janvier, élu membre de la Chambre de Commerce. 1er février, Georges devient mon associé. Peinture générale des magasins rue de la Paix et de la Succursale rue Crébillon. 1er juillet, suppression des bénéfices de guerre, remplacés par une taxe de 1,10 % sur le chiffre d’affaires. La taxe de luxe de 10 % continue a être appliquée mais avec une élévation des prix. Monsieur Marty entre comme voyageur pour la Bretagne. M. Rouaud et lui sont pourvus d’autos. 10 mars, l’heure est avancée de 60 minutes. En avril, nous obtenons l’ouverture d’un compte de chèques postaux. La Caisse commence à se manifester. 19 septembre, à la Claverie est célébré le cinquantenaire de mon entrée à la maison ; 240 convives, fête admirablement réussie. 15 octobre, réunion des chefs de rayons intéressés pour leur ordonner de cesser leurs achats en raison de la situation critique du marché et de la Caisse qui s’accentue. 19 octobre, l’heure normale est rétablie. 25 octobre, grève des ouvriers tailleurs. Reprise du travail le 17 novembre. 25 novembre, journée du commerce pour l’emprunt.

  • Chiffre d’affaires 5 079 039,90

1921

Mars, fourniture de l’Assistance Publique de la Vendée. Fourniture de la musique municipales et Hospices civils. 28 janvier, recrutement d’une coupeuse spéciale pour la Succursale. Cette dernière prend une autonomie complète. 14 mars, l’heure est avancée de 60 minutes. 27 août, M. Marty ne continue plus les voyages en Bretagne. 27 août, M. Fouré chef de comptabilité et M. Chauroux vendeur au rayon d’hommes quittent la maison ; le premier après 26 ans de présence, le second 15 ans. M. Fouré est remplacé par Mlle Dupuis. Mlle Dodin prend le poste de cette dernière à la caisse principale. 30 septembre, M. Bazin coupeur quitte la maison, puis M. Roquet (mars 1922) ; tous les deux pour entrer chez M. Chauroux. 14 octobre, l’heure normale est rétablie.

  • Chiffre d’affaires 4 582 486,25

1922

5 janvier, nous achetons les immeubles portant les nos 9 rue Bleterie et 9 rue Beauregard ; puis un mois après ceux portant les numéros 11-13-15 rue Bleterie et 5 et 7 rue Beauregard. 3 mars, entrée de M. Mourgues comme coupeur pour hommes. Réorganisation du bureau de comptabilité ; la plupart des comptables de l’annexe y prennent place. Création d’un atelier de couture au-dessus du salon de modèle de la Succursale.

Installation et modifications diverses à la Succursale. 8 mai, décès de Monsieur Louis Landrin après 41 ans ½ de bons et loyaux services. M. Héritier le remplace au poste de chef du personnel livreur ; le 22 mai, il devient en outre, par suite du mauvais état de santé de notre vieille et bonne Rose Mouraud, gardien des clefs. Mlle Flageul s’occupe de la préparation des commissions des voyageurs. MM. Boivin et Piraud se divisent les autres emplois de M. L. Landrin.

En septembre, à la Claverie, Huteau reçoit la décoration des 30 années de services. ##Quetquin## reçoit après. Gendron et sa femme sont décorés.

  • Chiffre d’affaires 4 469 230,80

1923

Mars, l’heure d’été n’est pas rétablie, elle ne l’est qu’en mai, après des oppositions très vives. Monsieur Priand figure parmi les décorés de la médaille du travail (30 années). Avril, Mme Mouraud reçoit le diplôme et la médaille de vermeil (50 années de service). La demande de la même récompense est faite pour Mademoiselle Blondot qui a 50 ans de présence au 8 avril 1923. Des règlements très-stricts sont pris pour les sorties de marchandises. Une note est remise aux chefs de rayon pour la question des stocks. 16 avril, Mlle Dodin quitte son poste de caissière principale pour se marier ; elle est remplacée par Mlle Le Menelec. Nous n’avons pas la fourniture de l’Assistance publique de la Vendée qui est adjugée à M. Lemoine non commerçant. Nous obtenons quelques lots de l’adjudication des Hospices. Juillet, fourniture de l’uniforme de la musique municipale. Départ de Mlle Karadec coupeuse à la Succursale. Départ de M. Mourgues remplacé par M. Peyre. 1er août, départ de M. Hoédé, chef du rayon de Blanc, il prend la suite de M. Lavaud et est remplacé au rayon par M. Boudereau. Mlles Coquet et Fournier deviennent coupeuses ###C. nouveautés?## . En décembre, nous achetons les maisons 4-6 rue Vieil Hôpital (Le Bon Accueil !) et y faisons les réparations nécessaires pour des appartements. Départ d’Huteau, 33 ans de service.

  • Chiffre d’affaires 4 384 624,65

1924

Remise en état et transformation du salon de couture 19 rue de la Paix. Réfection complète de l’étalage du no 17. 25 mars, décès de M. Pitre Ganuchaud à la suite d’une opération décidée trop hâtivement. 29 mars, heure d’été. 16 avril, décès de Marie-Louise à Orléans. Avril cruel !

30 juin, M. et Mme Toledo quittent la maison pour en fonder une de couture rue Gresset. Nous achetons pour le compte de Monsieur Soulé une auto Renault d’occasion. Exposition Nationale très belle et vaste vitrine. G. G. père membre du conseil d’administration. Été pluvieux et froid. G. G. fils membre du Jury Hors concours. 1er août, entrée de Mademoiselle Delord pour remplacer Mme Toledo. 2 octobre, Monsieur Amici rentre comme coupeur pour dames. Transformation de l’atelier 5 en salon d’essayage pour hommes. 2 septembre, médaille d’honneur de vermeil attribuée à Mlle Marie Blondot pour ses cinquante années de service dans notre maison. À partir de juillet, elle ne vient plus à la maison de commerce, son état de santé, comme celui de Rose Mouraud notre vieille et fidèle gardienne, est déplorable. 6 septembre, départ de M. Chanceau du rayon de Blanc. Entrée de ### madame Faucon ? #### à la Succursale. 22 septembre, entrée de Mlle Fonteneau à la comptabilité. Sens unique : la rue de la Paix devient plus déserte.

  • Chiffre d’affaires 4 331 010,60

1925

Obtenons la fourniture de l’Assistance Publique de la Vendée. Aussitôt inventaire achevé, commencent les travaux d’achèvement et d’agrandissement du rayon de Chemiserie ; le salon d’essayage pour hommes qui est pris pour cet agrandissement est transféré au 1er au-dessus de l’entresol ancien atelier 5. Dans l’ancien espace, on fait des divisions qui nous donnent trois salons. 1er mai, M. Mandin rentre au rayon de Blanc. Mlle Montier gérante et Mme Coquet coupeuse à la Succursale donnent congé pour fin juin. 1er août, M. Collet est gardien, M. Mart prend la direction du rayon de Fantaisie. Mme Laurens a de nouvelles conditions de commissions sur les ventes des articles de la Maison Principale. 7 août, Mlle James quitte la maison après 26 ans de présence. M. Le Floch entre comme second à l’ameublement. Septembre, Mlle Craven passe à ###l. Con###. Mlle Guintrel prend son poste à la garniture. 24 août, M. Angeceau qui doit entrer comme coupeur nous quitte le 28 septembre 1925 ; il est remplacé par M. Aluë ex-coupeur de la Maison Garland, il prend son poste le 1er février 1926. 28 octobre, mariage de Geo Lory avec Mlle Guilmet.

  • Chiffre d’affaires 4 940 279,50

1926

Impôts rétroactifs. 9 février, mort de M. Aunis. 10 février, départ de Mme Raity. 31 mars, celui de Mme Launay. 3 mars, Rose Mouraud entre à l’Hospice de Blain. En juillet, rafraîchissement des peintures du hall des robes et de l’escalier de l’entresol au 1er étage ainsi que du vestibule desservant le salon d’essayage. Été désespérément sec. Récoltes de vin à peu près nulles. Octobre, fondation des Foires-Expositions de Nantes. G. G. père est nommé membre du Conseil d’administration. 14 août, départ de M. Mandin du rayon de Blanc. Les affaires qui avaient été jusqu’à septembre exceptionnellement satisfaisantes deviennent mauvaises pour suite de bruits et ##Cuin####. En octobre, M. Letut entre comme représentant pour ##les environs ou## Nantes. 31 décembre, départ de M. Amici coupeur pour dames, et de Mlle Guintrel. En cours d’année, vers le 1er février, le pain étant devenu extrêmement cher, nous donnons une indemnité mensuelle.

  • Chiffre d’affaires 5 284 621,60

1927

En avril, M. Marty rentre à nouveau pour visiter la clientèle de Maine-et-Loire. La Foire-Exposition a eu un très gros succès, et notre intention est de participer à celle de 1928. Un livre résumant toutes les opérations par mois est complété par les résultats par année de chaque rayon. Depuis le dernier inventaire, Mlle Blondot n’a plus aucun intérêt sur les rayons 13 et 15 ; mais il lui est servi une allocation mensuelle de 400F.. Tous les employés hommes et femmes sont astreints à se faire inscrire à une société de secours mutuels. Nous adhérons à tous les services de la CRIFO. Mlle Delord se mariant quitte la maison fin juin. Elle y revient passer le mois d’octobre pour présenter Mlle Thébaud à ses clientes. En novembre, Exposition régionale du travail ; G. G. père est élu président du 3ème groupe ; une dizaine d’ouvriers des ateliers concourent et obtiennent les premières récompenses. Modification téléphonique. Travaux de décoration extérieure de la Succursale.

  • Chiffre d’affaires 4 677 089,15

1928

Inventaire peu satisfaisant : trop de stocks, trop d’intérêts sur le capital investi, trop de frais généraux, trop d’escomptes et de gratifications. 26 février, décès de notre vieille et excellente domestique et gardienne Rose Mouraud (60 ans de services). 27 mars, décès de Mlle Marie Blondot, employée pendant 55 années dans notre maison de commerce. Du 5 au 16 avril, Foire Commercial, gros succès. Fin juin, réception des employés à la Claverie. En cours d’années, conférence avec les employés intéressés ; à chacun d’eux il a été remis une note relatant ce qui leur a été dit et leur indiquant sur quels points leur attention doit se porter. En août, nous obtenons la fourniture du service des eaux. En morte saison d’été, travaux de rajeunissement exécutés sous la direction de M. Lanoë dans les magasins des rez-de-chaussée 13-15-17-19. Pourparler avec la maison Bellocq [NdFGa : probablement la maison Bellocq-Leriquier/Redoulez-Leriquier, 8 rue Boileau] pour nous occuper de la réalisation de son stock. 14 octobre, élection au Conseil de la Loire Inférieure de M. G. Ganuchaud père. Fin novembre, M. Aloë quitte la maison, il y est remplacé par M. Boget.

  • Chiffre d’affaires 5 001 433,75

1929

Inventaire encore moins satisfaisant que le précédent. Mêmes causes : trop de stock, trop de capitaux investis. Du 4 au 15 avril, Foire-Exposition, le stand modifié obtient un succès. À partir du premier lundi de mai, semaine anglaise tous les lundis. Ouverture des magasins à 13h¼. Les pourparlers avec la maison Bellocq cessent et n’ont aucune suite. En juin, obtenu 100 000 de fourniture à l’adjudication des Hospices. Réinstallation du bureau de comptabilité. Le casier de vieux livres d’achats disparaît pour être remplacé par une vitrine d’exposition. Fin juin, soldes d’été. 12 juin, le déjeuner trimestriel de l’AICAO (Association industrielle, commerciale et agricole de l’Ouest) a lieu à la Claverie. Septembre, Madame Galland nous représente en Bretagne. Octobre, Madame Perdrix tombe gravement malade. La médaille d’honneur du travail est demandée pour Mme Perdrix-Ricardeau, Mlles Jolis et Vincent. 10 décembre, pour lutter contre la tombola organisée dans divers quartiers, il en est lancée une sous le titre « Commerçants du centre » par les maisons rues de la Paix, Barilleau, Orléans, Verdun, Places Ste Croix et Pilory. Lots : auto, moto, ######, carpette, etc. L’exposition de Blanc qui s’est faite dans la même période a eu un très gros succès. Jusqu’au 9 janvier 1930, les affaires doublent. Mme Perdrix est obligée d’abandonner son poste. M. Henri Lefièvre est à son tour très touché par la maladie.

  • Chiffre d’affaires 5 115 757,90

1930

Inventaire toujours mauvais. Opérations diverses et laborieuses de la Société Georges Ganuchaud et fils pour son transfert au nom de Georges Ganuchaud, transfert fait dans un but familial pour l’avenir. Il est fait à Georges une belle situation de tout repos et il conserve la presque totalité de ses droits antérieurs. Mardi 18 février, inauguration des réunions bimensuelles des chefs de rayon où sont examinées toutes les questions ayant trait à la bonne marche de l’affaire et à son développement. 1er jeudi d’avril, Foire-Exposition. Visite du Président de la République M. Doumergue. Quelques fournitures aux Hospices. Fin juillet, application des assurances sociales. Nouvelle charge car il a fallu augmenter le personnel. Il est accordé une semaine de congé payé aux ouvriers des ateliers et un ###service aux metts des salaires####. En août, réinstallation et modification du rez-de-chaussée de la Succursale rue Crébillon. Suppression d’une cloison. En septembre, réunion de tout le personnel vendeurs, vendeuses, ouvriers et ouvrières pour fêter ma noce de diamant (60 années de présence aux affaires, entrée le 5 août 1870). En décembre 1930, décès de M. Henri Lefièvre après 49 ans 2 mois de bons et loyaux services. Madame Perdrix recevra une rente de 200F. par mois sa vie durant. Fourniture des Hospices de Nantes et de la Roche-sur-Yon.

  • Chiffre d’affaires 5 301 014,50

1931

Inventaire encore plus mauvais que le précédent par suite des charges diverses nouvelles : assurances sociales, impôts, etc. La maison Decré fait construire un immense immeuble en fer et verre. 2 avril, Foire-Exposition inaugurée par M. Rollin, ministre du Commerce. La clientèle de campagne abandonne la maison. Les jeudis et samedis deviennent plus mauvais que les autres jours. 31 août, M. Héritier donne sa démission de Chef du personnel ; M. Boivin prend sa place le 15 octobre. Mademoiselle Dupuy reçoit la médaille du travail. Bernadette Boulard, celle des vieux serviteurs. Une crise d’affaires qui avait commencé en mai par suite de la ##Caisse ou Tuisse## s’accentue au point d’atteindre à fin novembre 13 % de déchet sur chiffre de 1930 et à fin janvier 1932 13,73 %. M. Boget quitte la maison le 31 décembre 1931. Madame Mauroux abandonne son poste de contrôle à partir d’avril 1931. Mlle Dupuy remplira ce poste.

  • Chiffre d’affaires 4 572 901,85
  • Déficit 188 881,75 pour l’exercice 1931

1932

Malgré les inventaires peu satisfaisants, les exercices précédant celui de 1931 n’avaient jamais été trop déficitaires. L’inventaire clôturant l’exercice 1932 l’est d’importance (219 202,50). Des études très approfondies vont être faites pour que, par comparaison avec d’autres exercices d’un chiffre équivalent, on essaie de remédier aux frais de toutes sortes grévant les bénéfices bruts.

Janvier, fournisseur du Service des eaux. Petites fournitures aux Hospices. 1er avril, entrée de Monsieur Ménard comme coupeur pour hommes. Avril, Foire commerciale usuelle. 2 mai, décès de Mademoiselle Marie Dupuy après 31 ans de service. 6 juin, braderie, foule énorme. 30 juin, ouverture de la maison Prixunique ; ancienne maison Champigny, grosse affluence. Beaucoup de maisons sont touchées. L’ancien atelier du coupeur pour dames est transformé en appartement. Le chiffre d’affaires baisse dans une proportion effrayante de plus de 25 % sur celui de 1930. ###Tensable## désastre. Crise dont on ne peut prévoir la fin en raison de son universalité. Moral déplorable. 1er août, entrée de Mlle Lanrivain comme chef comptable. 27 octobre, ouverture rue du Calvaire de la maison Bouchara, tulle à prix effrayants. Liquidation partielle du Petit Paris. M. Collet qui a quitté la maison le 31 janvier 1933 y entre.

  • Chiffre d’affaires 3 807 268,05, soit 765 633,30 de moins qu’en 1931 et 1 493 746,45 de moins qu’en 1930, soit plus de -28 %.

1933

Constatations navrantes à l’inventaire de l’exercice 1932. La Confection dames pour la principale perd 132 295 et pour la Succursale 59 127. L’ameublement 33 245. La Fantaisie 31 902. La bonneterie 21 900. Dès janvier, les pourparlers commencent pour la cession des immeubles 13-15-17-19 rue de la Paix. À partir du 1er janvier, Madame Laléouse a pris la direction des rayons de Fantaisie, de Cotons et doublures. À fin mai, 37 % en moins sur le chiffre par rapport à fin mai 1930. 12 juin, braderie qui ne réussit qu’à moitié. Georges est bien prévenu que le contrat de louage de ses services prendra fin le 31 janvier 1934.

Les pourparlers de cession des immeubles n’aboutissent pas malgré une réduction de 36 % sur les premiers prix faits. En juin, M. Rouaud laisse, par suite de la pénurie des affaires, la représentation de la maison pour la vente foraine. Le 30 juin, je préviens Vendeuses, Coupeuses de Couture à la Principale et à la Succursale que je ne compterai plus sur elles à partir du 30 septembre. Je me décide cependant à rentrer en pourparler avec Mlles Thébaud, Cravin, Bezier et Boulais pour la Principale et avec Mlle Caillon pour la Succursale pour la vente de la Confection toute faite. Mlle Boulais conserve ses ouvrières. Voyage d’achats par Mlles Thébaud et Cravin. Un avis de cette transformation paraît en juillet. Lettres circulaires etc. etc. Présentation habituelle des modèles tout confectionnés. Le 1er septembre, les chefs de rayons sont réunis ; il leur est remis une note leur montrant la situation déplorable des affaires, et l’absolue nécessité de redoubler leurs efforts pour amoindrir la très grosse perte à prévoir à l’Inventaire. En octobre, novembre et décembre, réclames hebdomadaires ; coût pour ces trois moins, environ 30 000. En dépit de cela, les affaires deviennent de plus en plus mauvaises. En décembre, nouvelles tractations pour la cession des immeubles. Une option est donnée jusqu’au 21 janvier 1934.

À fin novembre, il y a un déchet de 43,11 % sur le chiffre à même date de 1930, les frais généraux restant sensiblement les mêmes. 9 décembre 1933, après bien des péripéties, j’arrive à obtenir une option de M. Gouguenheim de 800 000F. pour les immeubles 13-15-17-19 rue de la Paix, soit 500 000 pour le 15-17-19 et 300 000 pour celui no 13 appartenant à la famille Pitre Ganuchaud. Dans les conditions, il est stipulé que si l’option est annulée, M. G… subira une indemnité de 10 000.

Le samedi 20 janvier 1934, Me Madgelaine me téléphone que l’option est levée.

Pauvre chère Maison Ganuchaud !!

  • Chiffre d’affaires 2 936 670,20, soit 44,60 % de moins que le chiffre de 1930.

1934

L’inventaire de l’exercice 1933 donne un déficit de 366 891,07. C’est la course à ruine !! Dès le 26 janvier, j’avise les principaux employés intéressés que je leur donne congé pour le 31 juillet 1934 ; les locaux devant être libres le 1er août 1934. Je fais cependant une réserve à l’égard de Mlle Bastard, M. Boivin et un garçon ayant l’intention de faire des affaires au 2ème étage du 5 rue Crébillon ##un échantillon?##. Je prends toutes dispositions utiles en vue d’une réalisation du stock ma maison principale rue de la Paix. J’entre en pourparler avec M. Bacqué commerçant à Paris, ancien président de la Chambre Syndicale de la Nouveauté, qui m’est indiqué par le secrétaire de l’Union Syndicale. Les renseignements pris sur M. Bacqué sont excellents et très flatteurs pour lui. J’avise toutes les administrations de réaliser mon stock. Voici la convention définitive faite avec Monsieur Bacqué : commission de 5 % sur 1er million, 4 % sur le 2ème, 3 % au-dessus. Il s’occuperait de la réalisation du matériel sur pourcentage. Je me résigne à suivre aveuglément la direction de Monsieur Bacqué.

Le mercredi 7 mars 1934 après une réclame intense par journaux, affiches, circulaires, la réalisation commence. Préalablement, il a été créé 6 caisses ; un nombreux personnel supplémentaire est engagé. On se bat pour pénétrer dans les magasins. Madame Ganuchaud, Mme Binet, Mme Ménager prêtent très gracieusement leur concours pour la vente. Les quatre premiers jours totalisés arrivent au chiffre de 589 011,85. La semaine suivante (du 12 au 17 inclus) 407 635. Soit dans les 10 premiers jours près de 1 million. Au début d’avril, les magasins sont fermés 2 jours. De fin mai à fin août, il n’est pas fait 200 000. Départ brusque de M. Racque, qui fait preuve d’un caractère difficile. Le matériel surtout depuis fin juillet et le départ du personnel se vend très rapidement, mais ce qui reste en marchandises est soldé à des prix dérisoires. Le 26 août 1934, je vends l’immeuble 3 rue Vieil Hôpital à M. Brédeloux. La livraison de cet immeuble pour le 15 octobre nous a obligé à activer davantage le solde de ce qui restait tant en marchandises qu’en matériel. Pour ce dernier, tout ce qui n’avait pas trouvé preneur est transporté à la Claverie. Les nombreux documents, livres, correspondances et papiers divers etc. sont en si grande quantité et leur incinération lente et difficile ; une grande fosse est creusée dans le pré Marais et tout y est enfoui ; un saule y est planté. L’installation du bureau de la rue Crébillon s’est faite progressivement ; mais ayant la faculté de rester dans mon vieux et cher bureau de la rue de la Paix, je ne l’active pas. Le 14 octobre 1934, au ##serutin?## de ballottage à une très grande majorité, je suis réélu Conseiller Général, où je retrouve le plus aimable accueil. Les magasins du devant de l’immeuble no 13 rez-de-chaussée sont occupés par trois anciennes employées : Mmes Letière et Laléouse, Mlle Rioleau. Les résultats de l’inventaire sont déplorables, aussi ne songeais-plus qu’à réduire tous les frais dans la plus large mesure. Je n’occuperai pas le bureau de la rue Crébillon et j’installe avec un paravent un petit bureau dans le salon de l’entresol. Mlle Bastard reçoit son congé pour fin avril 1935. M. Boivin ayant été prévenu pour fin mars. Sur la demande Madame Laurens de la Succursale, je conserve pour la caisse et la comptabilité une caissière Mlle Chaigne qui sous le contrôle de Mlle Lanrivain pourra faire l’indispensable. La liquidation des écritures se fait avec une lenteur qui n’est explicable que par le désir de chacun de conserver sa situation le plus longtemps possible. Aussitôt le réalisation achevée, j’ai remis ma démission de Président du Syndicat de la Nouveauté de Nantes à son vice-Président M. Jules Decré. À la première réunion, mes collègues m’ont fait l’honneur de me nommer président honoraire. La Chambre Syndicale de la Nouveauté de Paris, également avisée de ma démission, m’a dans les termes les plus élogieux nommé membre honoraire de la Chambre Syndicale de la Nouveauté de Paris.

1935

14 février, décès de Mme G. Ganuchaud fils.

Par suite des prix dérisoires pratiqués et imposés par M. Bacqué, également la hâte avec laquelle il a fallu rendre libre l’annexe pour le 15 octobre 1934, également des frais généraux extrêmement élevés, l’inventaire a été déficitaire de 357 560. Il a été hélas la continuation des précédents exercices. Il y avait, une fois la réalisation terminée, urgence à me débarrasser des frais généraux superflus. M. Boivin quitte en avril 1935, Mlle Bastard fin mai. Mlle Lanrivain vient quelques jours par semaine pour mettre Mlle Chaigne de la Succursale au courant des ##coutures?##. Pour que la séparation avec Mlle Bastard et M. Boivin ne soit pas trop brutale, ils viennent l’un et l’autre passer quelques heures aux affaires. Je trouve à partir du 24 avril à louer le bureau de la rue Crébillon et à céder une partie des meubles. Difficultés inouïes à faire rentrer les dernières créances ; principalement celles des clients Soulé. Le 1er août 1935, Blanzy-Ouest achète à M. Gouguenheim les immeubles 13-15-17-19 de la rue de la Paix. Après être devenu propriétaire, locataire, et de nouveau propriétaire, en dernier lieu, je conserve mon appartement amputé du grand salon de la salle de bain et d’une chambre comme locataire. On me laisse l’espoir de conserver mon bureau commercial.

Le devant du magasin no 13 est toujours occupé par Mmes Letière et Laléouse, on leur assure d’abord qu’elles auraient la jouissance jusqu’à fin octobre puis jusqu’à fin décembre ; mais elles font un très petit chiffre, tout à fait insuffisant pour couvrir frais généraux ; ### elles préviennent qu’elles quitteront ########ment fin de l’année. Les travaux de réfection, modification des immeubles commencent le 1er jour de novembre. Tout est amoché, démoli, brisé ; le hall des nouveautés, qui m’avait donné tant de joie à faire édifier et agencer, est démoli et remplacé par des étages en ciment armé.

Le 22 novembre 1935, la famille, la Schola, les amis, les collègues me souhaitent mes 80 ans. Rentré aux affaires le 6 août 1870, j’y avais plus de 65 années de présence et 80 ans d’âge le 22 novembre 1935.

L’année se termine lamentablement. Ma chère Maison de Commerce n’est plus ! Que de souvenirs y étaient attachés, que de tracas, que de peine ! Mais aussi que de satisfaction elle m’a donnée durant de longues mais cependant trop courtes années. Elle a été la vie des miens, la mienne ; celle qui m’a permis d’élever ma famille dans des conditions honorables et c’est aussi grâce à elle que mes concitoyens m’ont donné si souvent la preuve de leur estime et de leur considération.

Par suite du montant des mauvaises créances et également de nombreux frais généraux arriérés ainsi que du rappel de Contribution Patente, déclaration rectifiée, le résultat est déficitaire de 149 783 !

1936

En janvier 1936, par suite des travaux rendant impossible tout séjour dans le devant du magasin 13 rue de la Paix, ces dames Letière et Laléouse quittent le local. Je conserve toujours mon bureau ; mais, dans des conditions pitoyables pour y parvenir, aucune clarté, toutes les portes étant closes. La gêne se prolonge par suite d’incessants . Il y a par suite de l’encombrement du bas de l’escalier des appartements des matériaux, une grande difficulté à passer. Cet escalier a été le seul utilisé par les entrepreneurs pour les travaux intérieurs des autres immeubles.

Comme il ne me reste plus à diriger que la succursale de la rue Crébillon, je n’observe plus la même assiduité dans ma présence aux affaires. Il ne me reste plus qu’un désir, une ambition : vivre dans le calme et la méditation à ma chère Claverie.

Au 15 juin, le pitoyable gouvernement que nous subissons bouleverse toutes les coutumes, tous les usages commerciaux, est cause de ces grèves sur le tas, de l’occupation des usines, de la séquestration des patrons. Par d’influentes et répétées manifestations, le gouvernement du front populaire donne des droits exagérés aux employés et ouvriers ; ceux-ci obtiennent des augmentations de salaire telles que beaucoup de maisons ne pouvant les supporter ferment leurs maisons.

Dans les premiers jours d’août, j’entre en pourparlers pour la cession du pas de porte de la Succursale de la rue Crébillon. Enfin le 30 septembre 1936, les pourparlers aboutissent d’une façon définitive. M. et Mme Cailleau, coiffeurs rue Crébillon, acquièrent avec le consentement de Madame Pitre Ganuchaud la cession du bail.

Quelles vont être les conséquences de la dévaluation du franc votée par la Chambre ? Le prix de cession du pas de porte et du droit au bail est fixé à 55 000 et reste celui que j’aurai à recevoir malgré les tentatives faites par Monsieur Gouguenheim auquel je laisse le droit d’agir au mieux de mes intérêts (et des siens). Je persiste néanmoins à lui dire que j’ai traité pour 55 000 et que loyalement malgré ce que certains articles du code peuvent me laisser entrevoir pour une rupture de la convention, je n’ai pas à réclamer une somme supérieure. Au mois d’octobre, le public ayant appris la cession de ma succursale et la réalisation qui en serait la conséquence est venu faire des achats importants, ce qui m’a obligé à augmenter le personnel durant les vingt derniers jours d’octobre. Madame Laléouse, Mlle Ravilly sont venues pour donner une aide, tant pour la vente que pour le démarquage du stock. Enfin, après une fermeture des trois premiers jours de novembre pour achever l’organisation du magasin, le jeudi 5 après une réclame par les journaux et des papillons annonçant que sur les prix déjà surbaissés, il serait fait 10 %.

Pour compléter le personnel et en dehors de Mme Laléouse et Mlle Ravilly déjà entrées le 1er jour d’octobre, j’ai fait appel à Mlles David Lanrivai ; et pour la surveillance à mon beau-frère Charles Lehure ; deux très jeunes filles sont également adjointes au personnel. À la fin de la première quinzaine, les affaires étant plus calmes, une nouvelle réclame est faite en chronique des journaux annonçant 20 % de remise. Enfin dans la dernière décade de novembre, une carte-invitation est distribuée dans toute la ville.

Le chiffre de novembre a atteint 105 1667 contre 33 609 en 1935.

Dans la crainte des difficultés que je pourrais avoir pour la liquidation intégrale de tout le stock restant, j’entame des pourparlers avec Monsieur Bogrand de St Brieuc.

L’estimation du mobilier est faite gracieusement par Maurice Éon.

La remise de 20 % qui a été appliquée du lundi 16 novembre au samedi 12 décembre ne produisant plus d’effet, elle est portée du lundi 14 décembre au samedi 19 à 30 %, enfin du lundi 21 au lundi 28 à 50 %. Comme suite à la visite de M. Bogrand et à la crainte qu’il fait naître en moi d’avoir une fin de liquidation beaucoup trop chargée et d’un placement difficile et desastreux comme vente ; dans l’après-midi du lundi 28, il rédige une réclame à ##Restez vous#?# et on annonce 75 % sur le prix marqué (le ¼ du prix). Une foule considérable se précipite, véritable envahissement.

Comme j’avais obtenu de Madame Cailleau d’occuper le local une semaine de plus, c’est-à-dire les 6 premiers jours de janvier ; cela m’a permis de continuer la vente jusqu’à la dernière heure du jeudi 31 décembre. Le lundi 28 décembre, j’avais reçu à déjeuner tout le personnel de la succursale. Le samedi avant le départ définitif de la plus grande partie nous avons sablé le champagne. Il y en a eu des pleurs, mais aussi de la gaieté. En tout cas, des preuves de l’attachement que mon personnel avait pour moi. J’espère que toutes ces dames et demoiselles trouveront rapidement des situations. Je n’ai conservé pour quelques jours que Mme Laléouse qui s’était occupé très spécialement de la vente de matériel et je conserve Mlle Chaigne le temps nécessaire pour achever les écritures, et le règlement des quelques créances qui ne sont pas encore réglées. Le 13 février 1937, Mlle Chaigne après beaucoup de recherches trouve une place d’aide comptable dans la maison annexe Mineurs fils rue Ledru Rollin.

Et je me trouve seul !

L’ennui Blum continue à tolérer les grèves et les occupations d’usines. La Foire Exposition dont l’ouverture était, comme tous les ans, projetée pour le 1er lundi d’avril est reculée au 1er lundi de juillet, tout ce qui touche au bâtiment étant encore en grève ##prévue pour#?# mars 1937.